Toute ressemblance avec un entrepreneur de notre communauté ne serait peut-être pas fortuite…
Quand on lui demande si quitter la direction d’un des plus importants services d’emploi et d’insertion de France fut une décision difficile, Fabrice n’hésite pas.
Il répond « que bien entendu, c’est difficile”. Mais il ajoute qu’il y avait « un risque plus grand à rester, que de partir », que la décision s’imposait alors.
Un problème « d’ascenseur » dans les couloirs d’une collectivité locale allait en effet contrarier ou tout du moins infléchir son parcours qui était jusque-là tout tracé.
Car il avait obtenu jusqu’alors ce qu’il voulait professionnellement : être au cœur d’un des réacteurs de la politique publique, et plus précisément de la politique publique d’insertion et d’emploi.
Il avait construit son parcours dans ce sens. Il se souvient que, déjà, son admission à la Sorbonne au sein d’un DESS de gestion de l’emploi s’était faite, en partie, grâce à son aplomb et à son affirmation : il voulait diriger une structure d’accompagnement à l’emploi.
Et ce sera chose faite. Après une première expérience professionnelle dans le service emploi de la région Provence Alpes Côte Azur, il prend la direction d’une importante structure d’accompagnement à Marseille. Les PLIE sont alors de nouveaux outils de la politique publique de l’emploi. Fabrice y développe l’un des premiers clubs d’entreprises engagées dans l’insertion. Il y rencontre aussi un de ceux qui marqueront son parcours. Gérard Leseur, alors Président du PLIE et entrepreneur reconnu, le marque par sa volonté « d’aller chercher l’argent là où il est » ( dans les banques) ou encore par son obsession bienfaitrice « d’une trésorerie positive pour mener à bien les projets de développement ». Le conseil lui sera utile quelques années plus tard.
La suite ce sera la direction adjointe, puis la direction de l’insertion du département des Bouches-du-Rhône, avec une grande liberté d’action donnée par le Président de l’époque, un certain Jean-Noël Guérini.
Mais voilà, ironie du sort, cette ascension professionnelle allait s’arrêter au pied d’un ascenseur dont les portes s’ouvraient alors sur un champ d’incertitudes mais peut-être aussi sur une vie nouvelle.
Car rien n’était prévu dans ce départ. Et Fabrice, qui pourtant se connait et se reconnait comme « un grand inquiet ayant des difficultés à faire les deuils » se découvre alors de nouvelles capacités dans cette nouvelle vie qui se dessine : celles de naviguer avec peu de lisibilité, de piloter son activité dans l’incertitude, celle d’être tout simplement un entrepreneur. Il devient alors pendant 3 ans associé d’une entreprise de communication avant de fonder par la suite ALEF Konseil, dont il est toujours aux manettes aujourd’hui.
Depuis 8 ans maintenant il continue de construire les politiques d’emploi et d’insertion, mais de l’autre côté de la table. Il est d’ailleurs convaincu qu’il existe aujourd’hui une forme de maturité ou d’opportunité pour que les idées historiques « d’entreprises citoyennes, d’entreprises engagées, solidaires, ou encore inclusives » comme on le dit désormais, convergent, s’incarnent et s’enracinent durablement dans les territoires.
La crise actuelle modifiera-t-elle la donne ou permettra-t-elle une accélération de ce mouvement …qui le sait vraiment ?
Mais Fabrice sera à n’en pas douter aux côtés de ceux, collectivités ou acteurs associatifs, qui recherchent et construisent les solutions au bénéfice du plus grand nombre.
Pour l’heure et malgré le confinement, comme il ne peut plus s’adonner à sa pratique du trail, Fabrice s’est fixé un nouveau challenge…rejoindre le Chili en baignoire
C’est un peu fou ? Oui sûrement, mais c’est peut-être tout simplement sa part d’âme slave, lui qui a passé une partie de son enfance à Moscou.
Et puis désormais, naviguer, même avec peu de lisibilité, il sait faire !